Chiffrer, mesurer, indexer…(et après?)
Dans le numéro 25 du JASE 2012, pas moins de trois articles et un éditorial plaident pour une indexation des mesures du ventricule droit en echocardiographie. Il apparaît assez logique de réaliser sur le VD les efforts que l’on a consentis de longue date sur le VG ou l’aorte ascendante, on n’a pas tous les mêmes dimensions, même si trouver des chaussures pour homme en 42 en période de soldes reste difficile.
Alors indexer oui, mais indexer sur quoi, demande très justement le Dr Hoit, qui signe l’éditorial de ce numéro spécial « taille du VD »?
La première équipe s’intéresse aux différences de mesures entre homme et femmes, et indexe également sur le poids et la taille. Ils concluent à des différences significatives selon ces critères (les surfaces indexés à la surface corporelle sont plus grandes chez l’homme et le TAPSE indexé à la surface corporelle est plus élevé chez la femme).
La seconde équipe met en lumière des différences selon l’origine ethnique.
La troisième rapporte des différences importantes de volume VD chez les sportifs, en comparaison à un groupe contrôle.
Si l’on poursuit cette logique scientifique irréprochable, ont peut alors s’interroger sur la pertinence de la dilatation du VD chez un homme caucasien de 2m, sportif de haut niveau, chez qui l’on voudrait exclure une dysplasie arythmogène, dont la dilatation VD est justement un des critères majeurs.
Un des éléments intéressant de la discussion porte sur le type d’indexation à la surface corporelle, car les variations qui en découlent ne sont pas linéaires, et si ces variations se conçoivent pour la taille, elle sont nettement moins intuitives pour le poids, particulièrement en cas d’obésité.
J’avoue être surpris que personne n’ai tenté de faire ce que nous faisons tous, c’est à dire de comparer la taille du VD a celle du VG!
Quoiqu’il en soit ces articles posent le problème de la pertinence des « cut-off » proposés par nos recommandations.
Dans le premier article, les auteurs ont appliqué leurs résultats a une population de Communication Inter Auriculaire de taille moyenne. En utilisant ces recommandations, seuls 13 des 24 patients porteurs de CIA ont une dilatation du VD. En utilisant une valeur indexée à la surface corporelle et le genre, la dilatation est retrouvée chez 22 des 24 patients.
Mais 100% d’entre eux ont bien une CIA!
Il est légitime de chercher des valeurs seuils, des standards, pour évaluer le ventricule droit, mais les écueils de ces recherches rappellent que dissocier une anomalie de taille et une anomalie de fonction (diastolique, systolique, surcharge de pression, de volume) est un exercice périlleux, car le pronostic est tout de même plus clairement lié à la dysfonction. La dilatation VD est un signal d’alerte, qui, si il est isolé, sera bien difficile à intégrer dans une modèle pronostic.
Lorsque vous mesurez le VD, quels sont les parmètres que vous recueillez de façon routinière ? Comment conclure quand ces parametres sont discordants entre eux ? Il m’arrive souvent d’avoir un diamètre basal superieur a 42 mm mais sans dilatation par rapport au VG ou vis versa .. Qu’en pensez vous ?
Bonne question! Je mesure surtout le diamètre proximal de la chambre de chasse VD, en parasternal grand axe ou petit axe, le diamètre du tronc de l’AP. Je n’utilise pas beaucoup les mesures faites par voie apicale qui sont très dépendantes de la position du capteur, et si j’ai un doute en apical, je tranche avec la sous costal. Si le VD ne parait pas dilaté en sous costal, et en parasternal, il n’est probablement pas dilaté du tout!
Et vous?
En vous lisant je me rends compte que je n’utilise pas suffisament les mesures en sous costal… Je prends aussi les mesures en petit axet et sur le tronc de l’AP. Je parle de dilatation VD uniquement à partir du moment ou il est réellement dilaté par rapport au VG mais bien souvent les mesures en apical viennent semer le doute !