Pas d’EP – Le coeur de pierre
Le cas clinique précédent présentait une calcification apicale inhabituelle de découverte quasi fortuite, sur un angioscanner réalisé pour bilan de dyspnée.
En creusant un peu, j’apprends que cette image est non seulement ancienne, mais qu’elle a été explorée par de multiples examens dans une autre structure.
Les examens complémentaires auraient pour intérêt :
1- la caractérisation tissulaire (mais il est déjà évident qu’il s’agit de calcium au TDM)
2- S’assurer d’une cinétique segmentaire normale
Par argument de fréquence, la masse calcifiée apicale est un thrombus. Mais le thrombus ne se loge que dans une zone akinétique ou dyskinétique. L’IRM réalisée par le passé conclue allégrement à un thrombus. L’IRM étant l’examen de référence de tout (et de rien), la discussion s’est arrêtée, et pourtant aucun anticoagulant n’a été prescrit, et aucun accident embolique n’est survenu.
Je ne crois pas une seule seconde à cette histoire de thrombus, et avec un peu de contraste de perlimpinpin, on peut trouver une IVA perméable, et une cinétique segmentaire strictement normale :
Strain longitudinale globale
Echo de contraste :
L’hypothèse infectieuse s’effondre en l’absence de tout contexte, et avec le recul de 10 ans! Je n’avais pas pensé à la cysticercose que vous aviez évoquée (un cas d’autopsie assez hallucinante ici), mais j’avais évoqué la fibrose endomyocardique. Pas d’hyperéosiophillie, pas de voyage, calcification inhabituelle dans cette pathologie, bref, ça ne tient pas la route.
Le diagnostic que je vous propose est donc un diagnostic d’élimination, il s’agirait d’une « tumeur calcifiée amorphe du cœur » ou « amorphous calcification of the heart ». Vous trouverez ici un très beau cas clinique de circulation .
Circulation. 2008; 117: e171-e172
Reste à savoir si il existe un lien avec la dyspnée par le biais d’une insuffisance cardiaque? Mystère…
Merci à tous pour les commentaires, et merci à Jax @jjtudesq pour le titre 😉
ah le strain, de toute beauté ! merci Philippe ! et l’iva m’épate toujours autant.
Le doppler dans l’IVA est assez facile à obtenir avec des bons réglages. Les ingénieurs d’applications connaissent les « trucs et astuces » pour bien repérer le flux (hautes fréquences, basses vitesses etc…) C’est plus souvent joli qu’utile, mais ça peut le devenir pour l’évaluation de la réserve coronaire sous adénosine.
Je prémédite un post sur le sujet…
A plus 😉