Merlin l’enchanteur
Dans le JACC cardiovascular imaging, cet article néo-zélandais :
Serial Doppler Echocardiography and Tissue Doppler Imaging in the Detection of Elevated Directly Measured Left Atrial Pressure in Ambulant Subjects With Chronic Heart Failure.
Ces filous ont profité de l’étude HOMEOSTASIS, qui vise à tester chez l’homme un dispositif implantable de mesure directe et de monitoring de la pression de l’oreillette gauche (POG) chez des patients en insuffisance cardiaque et en rythme sinusal. Le dispositif, commercialisé par saint-jude, s’appelle en toute simplicité MERLIN, ce qui est assez cocasse, quand on se rappelle qu’une des premières études pour valider le mulisite dans l’insuffisance cardiaque s’appelait MUSTIC. (Encore faut-il regarder des Walt Disney régulièrement, en buvant un gros Nesquick…)
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Le dispositif est ensuite relié à cet appareil, qui trouvera naturellement sa place dans la cuisine, près du grille pain, et à distance du micro-onde :
Ainsi donc, l’idée de cet article est de comparer directement la pression de l’oreillette gauche mesurée par Merlin, et le rapport E/e’ en doppler tissulaire à l’anneau (septal, lateral et moyenne des deux chiffres). Il y a 15 patients, en rythme sinusal, 13 d’entre eux ont des fractions d’éjection à moins de 40% avec des VG dilatés. Les auteurs retrouvent des corrélations satisfaisantes entre E/e’ et la pression OG :
pour un ratio E/e’ septal supérieur ou égal à 15, la POG est supérieure à 15 (96% de sensibilité et 90% de valeur prédictive négative).En revanche, un ratio inférieure à 12 permet d’exclure une POG élevée (spéicifité 96%, valeure prédictive positive 95%).
Bon.
Pourquoi faire un tel foin sur une étude qui inclue 15 patients?
PARCE QUE C’EST LE GRAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAL!
Si les rythmologues s’amusent à implanter ce genre de joujou, (avec défibrillateur assorti, resynchronisation, cafetière ou lecteur mp3), il sera possible de revalider TOUS les indices d’évaluation des pressions de remplissage gauche, avec des VRAIES pression OG, et pas juste des PAPO obtenues en KT droit.
Ça ne me réconcilie pas pour autant avec cet indice E/e’, à mon avis trop simple pour être honnête. Il y beaucoup de limitation (la FA, la stimulation cardiaque, tout ce qui accélère l’onde E, hyperdébit, fuite mitrale significative, anémie etc…). Sherif Nagueh, qui comme Xor, fait la police dans l’évaluation des pressions de remplissage et qui signe l’éditorial de ce JACC-à-dit (je ne m’en lasse pas!), ne manque pas de ressortir cet article (Circulation 2009) qui dézinguait le E/e’ chez une centaine de patients d’USI en décompensation cardiaque.
Mais, ça fait rêver l’échographiste (qui commence à sommeiller) en moi.
Pas vous?
Bonsoir à tous.
Pour rêver, on fait que ça…en même temps, comme c’est gratuit, on en consomme sans modération !
Très jolie ce nouveau gadget et très pratique aussi.
Pour ma part, j’aime bien le E/Ea, parce qu’à plusieurs reprises il m’a permis de rabaisser le caquet à un bon nombre de confrères pneumologues (que je salut au passage…) qui clamaient haut et fort : DYSPNéE d’OriGiNe CARDIAQUE. Alors, quand E/Ea pointait le (tout petit : < 8) bout de son nez, moi j'étais aux anges. Ben ouais, Mr BNP était souvent aux abonnés absents…
Merci pour cette article et à bientôt.
La valeur prédictive négative du E/e’ est assez utile en effet, particulièrement pour nos amis pneumologues que je salue également, (mais il y a déjà si peu de cardiologue sur ce blog, que je doute que beaucoup de poumonologues ne s’aventurent jusqu’ici!). Ce qui me parait plus délicat avec cet indice, c’est d’affirmer sur un seul critère que les pressions de remplissage gauches sont élevées, particulièrement quand la fonction systolique VG est normale, la PAPs est normale et que le patient dort à plat pendant tout l’examen…
A bientôt 😉