Les marroniers – 2 ième épisode
Fort de l’incroyable succès de mes séances bibliographiques estivales, je poursuis, (avec mon fidèle écuyer Sancho) la lecture de la revue de presse du Dr Rahimtoola (rappelez vous, le californien privé de surf). Cette fois je vous recommande la lecture de ce superbe article de l’équipe médico-chirurgicale belge sur la plastie aortique : » Assessment and repair of aortic valve cusp prolapse: Implications for valve-sparing procedures », paru dans le JTCS d’Avril 2011.
L’article est très dense, riche en information sur la description de la valve aortique, tant en échographie, qu’en per-opératoire (les auteurs décrivent une méthode d’analyse de la valve aortique per-op, pendant de l’analyse « au crochet » pour la mitrale, fort intéressante) , et il est difficile de le résumer.
Schématiquement, les fuites aortiques dégénératives peuvent être liée à un prolapsus de cusp isolé (c’est alors plus fréquemment la cusp antero-droite), à une dilatation annulaire, ou à une association de mécanisme.
Dans une population monocentrique, et avec la grande expérience des équipes chirurgicales de ce groupe, le taux de ré-intervention pour un prolapsus de cusp isolé est de 0% à 8 ans (50 patients). Ces 50 patients jeunes, (moyenne d’age 57 ans), ont donc « échappé » à un remplacement valvulaire mécanique. Leur risque embolique est passé de 1 à 2% par an/patient, à 0.47%.
Le message pour les échographistes est donc simple, il faut reconnaitre les prolapsus isolés de cusp et les décrire, puis il faut pousser nos chirurgiens à réparer ces valves, plutôt que de les remplacer!
Je m’attarderai uniquement sur la première partie du programme…
Un prolapsus isolé de cusp engendre une fuite aortique excentrée (92% sensibilité-96% de spécificité). La cusp qui prolabe présente une bande fibreuse transversale (sensibilité 57%, spécificité 92%). Cette bandelette fibreuse sépare la zone basale de la cusp, encore solidaire des mouvements de la racine aortique, du triangle distale qui prolabe (un peu comme le bout de la part de pizza qui tombe quand on la tient par la croute!).
L’ETO 3D est outil génialissime pour étudier la valve aortique, les prolapsus et les bandelettes fibreuses. Voici des exemples publiés en 2010 dans ce blog là et là.
Sur ces deux photos, une bandelette fibreuse sur la cusp antero droite en ETO :
Ici, en vidéo (notez la dilatation asymétrique du culot aortique prédominant sur le valsalva antéro-droit) :
Mécanisme insuffisance aortique from fish Nip echocardiographie on Vimeo.
Autre exemple en ETT, bandelette fibreuse sur la cusp antero droite :
Untitled from fish Nip echocardiographie on Vimeo.
Voilà! Il ne reste plus qu’à envoyer nos chirurgiens voir chez les Belges!
magnifique! pour avoir vu s’exprimer des membres de cette équipe chirurgicale, ils avaient mis l’accent sur le fait que les résultats de la plastie aortique était optimaux s’il y était associé à cette plastie une « stabilisation » sur le segment I en remplaçant celui-ci.
Quand pensez vous?
Merci Whiteshark, pour ce commentaire.
Je n’ai pas l’expérience de leur technique chirurgicale, notre chirurgien est plutôt fan de la chirurgie de Tyrone David, ou il n’y a pas d’annuloplastie. Leur technique a du également évoluer (série de patient entre 1996 et 2009).
D’un point de vue purement cardiologique, la bonne technique est celle qui permet le meilleur résultat (bravo mon gars pour cette belle phrase). Le meilleur résultat au bloc, mais aussi à 10 ans… Il faut donc viser une Insuffisance Aortique résiduelle nulle ou minime (un grade 2 au bloc à 85 de pression systolique devient vite un grade 12…), avec une hauteur de coaptation (distance anneau coaptation) de plus de 5 mm. Laisser une IA excentrée signifie une correction incomplète du prolapsus et donc un risque de récidive.
Bravo aussi pour le lapus (quand pensez vous?), je dirais surtout le jour, parfois un peu la nuit, mais bon… ça reste de la cardio quand même! 😉
Le dr rahimtoola fut, comme chacun sait, le premier à décrire la discongruence taille du surfeur sur celle de sa planche. Autrement dit, Mimie Maty n aime pas le long board
On avait dit pas le physique! Et puis il existe toute sorte de taille de surf, être tout petit permet de tuber dans des vagues de 50 cm, c’est pas mal non plus…